Pupitre (poésie RP)

Il était là, juste posé sous une haute fenêtre de la pièce, peut-être celle qui éclairait le plus. Un simple pupitre en marbre blanc, presque pas ornée si ce n'est une petite gravure qui ressemblait furieusement à un ange près de son socle. Sur ce pupitre avait été déposé un livre de taille moyenne avec toute les pages blanches. La reliure était en cuire et la couverture abordait une somptueuse couleur blanche nacrée. Il était ouvert à la première page où on y lisait quelques notes finement écrites :

" Oh toi à qui la lyrisme tient,
Cesse d'hésiter et viens.
Viens laisser courir ta plume
Sur cet ouvrage naissant "

Le Temps des Regrets

Rêve égaré, île oubliée
Dans un océan de pureté.
Grains de sable autrefois utile
Deviennent, dès à présent, futiles.

L’Ange perdu reste sur l’île
Tête basse... Mais qu’attend t-il ?
Un présage de l’horizon
Pourrait lui faire entendre raison...

Les vagues seules se fracassent
Sous la terrible menace :
L’île est devenue îlot
Bientôt engloutit par les flots.

L’Ange soudain déploie ses ailes,
Pressentant le danger mortel.
Mais ses plumes semblent si lourdes
Que ses pensées deviennent sourdes.

Il s’assit, condamné à sombrer.
Son regard autrefois doré
S’éteint comme on souffle une flamme
Et s’envole à jamais son âme...

Ambre

Essais lointain...

Sur moi se pose votre regard
Qui ne m’a jamais laissée au hasard.
Dans vos yeux grands ouverts je m’égare
Et j’en oublie qu’ailleurs il fait noir.

Laissez dans la mienne votre main,
Caressez la jusqu’au lendemain.
Avec tendresse, sur le satin,
Restez avec moi jusqu’au matin.

Mes doigts glissent sur votre visage
À présent plus touché par les âges.
J’apprécie ce rêve, ce mirage,
Duquel se tiendront loin les orages...

Je me repose sur votre épaule,
Ange dont je suis le rossignol,
Vous étreignant pour suivre votre vol
Ne voulant plus jamais touché sol.

Vos lèvres sur les miennes se posent,
Les cueillant comme on cueille une rose.
Le silence de lui-même s’impose
Tandis que les musiciens composent...

Ambre

Invité

Citation :: Là-bas au loin, sur l'horizon,
C'est toute une flotte de galions,
Qui se prépare à débarquer,
Une foule d'esclaves et de guerriers.

Il s'agit là de conquérants,
D'hommes et de femmes arrivant,
De par delà l'océan.

Ils ont choisi une vie nouvelle,
Que la plupart croient éternelle,
Sur un nouveau continent,
Qui s'annonce toujours plus grand.

C'est sans pitié qu'ils réduisent,
Les sauvages qui y vivent,
À l'esclavage, puis les conduisent,
Au milieu de la troupe ivre.

Ce n'est qu'ensuite,
Désireux de respecter leurs rites,
Ils élèvent un bûcher,`
Òu les otages seront tués.

Alors les envahisseurs,
Se croyant déjà vainqueurs,
Ouvre leurs fûts de bière,
Semant partout dans le campement la misère.

Les sauvages en profitant,
Répandèrent sur tout le camp,
Une résine inflammable,
Créant un brasier durable.

C'est ainsi que le soir même,
Lorsque la nuit fut tombée,
Cette histoire s'est terminée.

Il s'agissait là de la première poésie de Luriol, et cela se voyait.
Mais il fallait bien commencé, sinon pourquoi serions nous nés.
Il la retranscrit dans le livre ouvert, usant de sa meilleur plume.
Et y apposa sa signature, suivie d'une Nota-Bene.

Citation :: Nota-bene : Il s'agit là d'un conte se racontant depuis des générations
dans ma famille. Et c'est pour vous que je l'ai transformé en
poésie, j'espère avoir réussi.
Les envahisseurs sont des humains, et les sauvages des
hommes-lézards.